UN CARACTERE DE MOUTON : Chronique Néo-Zélandaise (ile Sud)
A lire en écoutant
SUPERTRAMP - Take the long way home
Parce qu'enfin j'ai
prit le chemin qui me ramène au bercail et parce que, contrairement au personnage de la chanson, je sais que je ne me réveillerais jamais à 30 ans en me demandant ce que j'ai foutu de ma
jeunesse!
La première chose qui m'a surprise en parcourant la Nouvelle-Zélande, c'est le nombre incroyable de mouton qui y vit : on y comptait près de 12 moutons par habitant il y a une dizaine d'années (4.4 millions d'âmes peuplent les deux îles, je vous laisse le plaisir de calculer le nombre de ces bêtes laineuses)! Pire que les backpackers sur la côte Est Australienne. Ou presque. Quand bien même il n'y en a plus que 8 par habitants aujourd'hui, si on ajoute à cela une passion prononcée pour les voitures old-scholl (Pontiac, Chevrolette ou Corvette -parfois remontées à la tuning version "hémisphère-sud") et une jeunesse qui croit que le style vestimentaire arboré par 50 Cents dans ses clips est le summum de la classe, on a de quoi se demander dans quel pays on a atterri. Car cette impression du kitch se retrouve jusque dans la personnalité des habitants : si on omet les tenanciers de stations-services (désagréables au possible), les "Kiwis" sont des gens caractérisés par leur "bonhommie" naturelle : des gens simples et spontanés au sourire facile, quoiqu'un peu béat, rivé aux lèvres. Un peu étonnant quand on sait que ce petit pays est réputé pour être un "nain aux pieds de plomb" : nos amis Kiwis n'ont par exemple pas hésité dans un élan nationaliste à se mettre les USA à dos en leur levant fièrement le majeur en signe d'opposition à toute politique nucléaire. Rien que pour ça, je les aimais déjà!
Ce paradoxe entre leur inoffensive apparence et leur force intérieure s'exprime merveilleusement bien à travers la personnalité de mon nouveau héros, Sir Edmund Hillary. Ce Kiwi, dont la bouille sympathique et le sourire accomplit ornent le verso de tout les billets de 5$, n'est personne d'autre que le première homme à avoir planté un drapeau au sommet de la plus haute montagne du monde, l'Everest. Pourtant ce mec, qui pourrait être le voisin avec qui vous aimé prendre le Ricard, n'a jamais rien trouvé d'autre à dire que s'il l'avait fait... la majorité des gens peuplant cette planète pouvait le faire. Sacré Edmund! Alors comme je vous disais, une volonté de fer les Kiwis. Mais humble et sympathique surtout!
Cela dit, il n'y a rien de "sympathique" à commencer la visite du pays par le Christchurch
post Mars 2011. C'est malheureusement ce que nous avons fait Seb, Flore (mes compagnons de route pour la NZ) et moi. Car s'il ne fait aucun doute qu'il y a un an la ville respirait la vie, il est
aussi évident qu'elle a du mal à trouver aujourd'hui un second souffle après le tremblement de terre qui l'a ravagé. Ainsi, entre le centre ville grillagé purement inaccessible, des pans entiers
de monuments gisant au sol et de fréquentes secousses sismiques secondaires rappelant sans cesse le terrible évènement, il est évident que Christchurch a été marqué au fer rouge. Mais ce qui rend
la visite de la ville encore plus mélancoliques c'est que malgré ces stigmates apparents, les gens ont gardé foi en la vie. Humbles, sympathiques et optimistes!
C'est donc sans réels regrets que nous quittons l'âme meurtrie de Christchurch à bord de notre Cheapo (une petit bagnole de location aux amortisseurs mis à mal par nos sac de voyage) pour entamer le tour de l'île Sud. Nous oublions vite le bitume fissuré en découvrant la magnifique région du Aoraki/mont Cook National Park (le maori et l’anglais sont les deux langues officielles du pays, la double dénomination est donc souvent de mise). S'il fallait que les négationnistes du réchauffement climatiques trouvent un argument en leur faveur, ce serait probablement ici, la fonte des glaciers donnant aux lacs du coin une couleur bleue translucide qui n'a rien à envier aux plages Australiennes. L’Australie qui m'avait d'ailleurs laissé en état de sevrage, me voilà aux anges avec le fix alpin que me procure la Hooker Valley, une rando de 3 heures qui m'amène au pied du plus haut sommet Néo-Zélandais, le bien nommé Mont Cook (3754 mètres). Car si je vous dis que cette magnifique montagne est aussi mythique que le célèbre explorateur à qui elle emprunte le nom (un navigateur anglais qui a à lui tout seul explorer l'immensité des eaux du Pacifiques -le premier bonhomme Européen à poser le pied en Australie, en Nouvelle-Calédonie, à Hawaï et qui a cartographier la Nouvelle-Zélande- excusez du peu) je pense que vous avez comprit la force qui se dégage des courbes acérées et de la blancheur virginale de cette montagne. Et, quoi qu'en disent mes compagnons, le coin valait bien une nuit à -10°C à greloter dans nos sacs de couchage Quechua!
A défaut du corps, c'est le cœur réchauffé que nous reprenons la route pour traverser les
vallées verdoyantes et les lacs hydroélectriques du centre de l'île direction la côte Est. Si je reste persuadé que Dunedin est une charmante ville, je reste aussi persuadé que la région des
Catlins convient plus aux retraités "caravanés" qui ont tout leur temps plutôt qu'aux routards sans le sou et au timing serré que nous étions. Quand bien même ces deux jours nous offrirons de
splendides couché de soleil et une atypique rencontre animalière (des otaries pas si couillus que ça), la majorité des attraits touristiques étaient simplement et scandaleusement survendus par un
Lonely Planet fidèle à lui même. A titre d'exemple, le lac Wilky ferait passer le lac de Naussac pour la huitième merveille du monde.
Nous voilà ensuite rendu au Fiordland National Park. Le tant attendu Fiordland. Faut dire que le Lonely, les blogs et les forums débordent de témoignages encensant ce qui sera pour nous une demi-frustration. Déjà parce que l'endroit est en permanence dans la grisaille. Pour le coup c'est nous qui aurions aimé avoir la tête dans les nuages, pas le célèbre Mitre Peak –qui doit son nom à sa forme proche de celle du couvre chef des évêques - une montagne de 1692 mètres qui se jette abruptement dans l'Océan. Frustrant aussi car le parc n'offre que trop peu de balades à la journée, balades qui aurait compensé notre tristesse de trekkeurs qui ne peuvent chausser leurs souliers pour parcourir Milford Track et compagnie. Qu'à cela ne tienne, on aura quand même prit notre pied à parcourir la route qui longe la chaine montagneuse avant de s'engouffrer dans la vallée qui mène droit au Milford Sound. Et ce ne sont pas ces satanés sandflies (genre de mouches noires) qui nous gâcherons le plaisir. Quoi que, une cuillère de Sans Plomb 95 en guise d'anti-moustique faut vraiment en vouloir... où alors être un Néo-Zélandais, humble sympathique mais un peu timbré!
Qu'est-ce qui aurait pu mieux succéder à une demi-frustration que la totale satisfaction des jours qui allaient suivre? Après une journée passée à visiter Queenstown (le Saint Trop' de l'île sud), nous découvrons les magnifiques Mount Aspiring et Westland Tai Poutini National Park National Park. Une satisfaction atteignant son apogée lors de notre ascension crampons aux pieds du Franz Josef Glacier. Imaginez-vous marcher sur un paysage aux aspérités uniques et inédites pour le trekkeur alpin que vous n'êtes pas, ajouté à cela un temps et un décor parfait et vous obtiendrez une expérience extra! Accoutré come Sir Edmund Hillary, ou presque, avec comme sherpa, ou presque, le sympathique finlandais René, nous avons passé près de 6 heures les pieds sur la glace à explorer les intimes crevasses de ce magnifique glacier. Il ne manquera même pas les bières le soir venu, Seb croyant que sauter à poil dans un centre Spa était un pari que je n'oserais pas tenir. Timbré? A moins que ce ne soit les effets secondaires de l'anti-moustique made in NZ...
Après un sympathique passage sous le ciel bleu d'Arthur Pass (qui nous aura permit de partager
un peu de notre vin, involontairement cela dit, avec les Kéa farceurs) nous mettons le cap au nord-est pour la dernière grande étape de cette île Sud : un trek de 4 jours dans l'Abel Tasman
National Park. Une rando fort sympathique, le soleil nous accompagnant quatre jours durant pour une marche pas trop demandante physiquement (si ce n'est le matos en permanence sur les épaules)
quoi que nous fûmes légèrement agacé par la surabondance de bateaux. Des bateaux qui, en plus de gâcher nos photos et la tranquillité de la nature, semblaient nous narguer, au loin, sur les eaux
de la Tasman Bay. Car oui, pas besoin de charrier sur ses épaules un sac rempli de bouffe et une tente K-Mart de 3 kilos, ni combattre les hordes de tenaces sandfly pendant 4 jours pour apprécier
les plages paradisiaques et reculées du parc... Non, il suffit d'être plein de fric et d'en avoir rien à foutre de polluer les côtes Néo-Zélandaises avec son bateau à moteur. Dit donc le Guy,
est-ce que Sir Edmund Hillary aurait fait preuve d'autant d'amertume envers les touristes un peu plus friqués que le backpacker moyen? Non car ce monsieur n'est pas un français ronchon. Il est
Néo-Zélandais, humble et sympathique!
L'île sud c'est...
Un lieu à ne pas manquer : Le Aoraki/mont Cook National
Park pour l'impressionnante vue au pied du glacier bordant la montagne éponyme
Un lieu à éviter : Les Catlins si on a pas le temps,
Queenstown si on a pas de tune
Un livre : View from the summit, biographie du
philanthrope aventurier Néo-Zélandais Edmund Hillary, pour tout savoir sur son ascension de l'Everest, son expédition au pole Sud et son engagement humanitaire dans l'Himalaya
Un plat à dévorer : pas vraiment un plat pour le coup, mais le
Crunchy Nutella est une grande découverte pour moi. Une pate à tartiner simplement gavée d'éclats de noisettes, que l'on étale sans se restreindre sur du pain de mie
Une phrase qui a été dites : Pour avoir confiance et espoir
dans le futur, il faut d'abord savoir se fier au passé (Proverbe maori)