VOLCANS SURVOLTANTS : Chroniques Néo-Zélandaises (ile Nord)
A lire en écoutant
THE BABYSITTERS CIRCUS - Everythings gonna be alright
Sympathique tube pop Néo-Zélandais qui a mit la bonne ambiance dans la voiture les jours de pluie
Si notre arrivée sur
l'île Sud n'a pas été de toute gaité, les cendres encore fumantes de Christchurch nous brulant le cœur, il en fût tout autrement pour notre arrivée sur l'île Nord. En provenance de Picton, sur un
ferry qui nous aura fait traverser les Marlborough Sounds, c'est un éclatant ciel bleu et une ville de Wellington en effervescence qui nous accueille pour la seconde partie de notre trip. Un
tournoi de rugby à 7, une jeunesse déguisée de la tête au pied et un divertissant musée Te Papa (et son simulateur de tremblement de terre -cris effrayés inclus), voilà de quoi nous faire nous
sentir à l'aise dans la civilisation. Car si aucune ville de l'île Sud ne nous en avait vraiment convaincu, il arrive que parfois "people feel well in town"... N'est-ce pas mon
Seb?
Pourtant le temps, que d'aucun oserait comparer à l'humeur fluctuante de la gente féminine, ne tarderas pas à
redevenir capricieux. C'est donc sous la pluie que nous observerons de féériques glow worms (des vers luisants), sous un ciel couvert que nous rendrons visite aux colonies d'otaries du Cap
Paliser (le point le plus au sud de l'île Nord, car il en fallait bien un) et sous de timides morceaux de ciel bleu que nous découvrirons les impressionnants champs d'éoliennes plantés sur les
crêtes de la Manawatu Gorge.
Mais un routard ne ramènerait jamais d'histoires épatantes sans un petit coup de pouce de Dame chance. Ainsi, après
une journée à se morfondre sur facebook à la bibliothèque de Hawera, c'est sans crier gare que dans le halo lumineux d'une éclaircie le Mont Taranaki (ou Mont Egmont pour la version anglaise)
nous dévoile sa courbe la plus excitante, un magnifique sommet aguicheur tel la célèbre forme que révèle une Marianne à moitié vêtue. Rien d'érotique ici, ou très peu, si ce n'est que le sommet
d'une montagne a un pouvoir d'attraction sur moi aussi fort qu'un site olé-olé sur un ado. C'est d’ailleurs comme deux adolescents que companero Seb et moi mettons les réveils à 4h30 du mat pour
entamer, la frontale clouée au front, une partie de jambe en l'air avec le plus haut point du Egmont National Park : l'orgasme panoramique sera atteint quelques heures plus tard, après une
ascension à 2518 mètres et un époustouflant levé de soleil! En plus de l'accomplissement physique qu'une telle ascension nécessite (on aime quand même bien en chier un peu, surtout que ça donne
l'impression de mériter le sommet), rien n'est aussi fort que la satisfaction de fouler de ses Adidas les replats d'un cratère bouché et de découvrir, vue d'en haut, les traces d'anciennes
coulées de lave que ce volcan endormi a laissé, il y a quelques siècles, dans la forêt à ses pieds. Alors que bien souvent nous nous satisfaisons difficilement de certaines richesses, ce sont ces
joies simples et pures que j'aime tant dans la randonnée...
Si le Taranaki fût une gifle dont la joue gauche a apprécié la douceur surprise, le Tongariro National Park en est
le retour, le revers que la joue droite avait anticipé avec plaisir. Sans jamais y avoir mit les pieds, je savais qu'une région volcanique allait être quelque chose qui allait me plaire. Comme
une veille Noël, impossible de dormir tout excité que j'étais d'à nouveau m'attaquer à un volcan. Qui plus est dans un parc si réputé, dont l'utilisation pour le décor du Mordor (le repère du
Seigneur des Ténèbres) dans la trilogie du Seigneur des Anneaux n'a fait que consacré aux yeux du monde. C'est donc les 2291 mètres du Mont Ngauruhoe (un chiffre revu à la hausse à chaque
éruption) qui aura nos faveurs pour une grimpette d'une bonne heure et demie. Mais son cratère aux formes si parfaites où l’on se brule les doigts au contact de la roche fumante n'est qu'une des
richesses du parc. Car les 20 bornes (19,4 kilomètres pour être exact) du Tongariro Alpine Crossing sont jalonnées de choses à découvrir. Il y a les parois rougeoyantes du Red Crater qui se
dresse discrètement en bordure du chemin et qu'un marcheur discret pourrait presque rater. Il y a les éblouissants Emeralds Lakes dont les irréelles et pourtant pures couleurs garanties sans
trucages photoshop ferait presque oublier l'immonde odeur d'œufs pourris du sulfure. Il y a la traversée de la plaine du South Crater, d'où une fumée s'échappe en permanence du sol, témoignant de
l’activité volcanique du parc. Il y a la découverte du Lake Taupo, qui se dessine petit à petit au loin, en fin de parcours. Non, sérieusement, aller en Nouvelle-Zélande et ne pas s'offrir un
détour par le Tongariro c'est comme aller en Australie et ne pas contempler Uluru. N'est-ce pas mon Seb?
Nous passons encore quelques jours, plus reposants cette fois, dans cette intéressante région volcanique du centre
de l'île Nord. Pendant ces quelques jours, nous nous relaxons, les doigts de pieds en éventail, dans les eaux bouillantes des sources thermales naturelles bordant le lac Taupo. Nous découvrons
les milles et une particularités géologiques d'une telle région volcanique à travers l'intéressant parc du Wai-to-pu. Et si nous nous laissons volontiers hypnotiser par les bruitages grossiers
mais amusants des Mud Pools (des mares de boues bouillonnantes), nous nous demandons encore comment il est possible de vivre à Rotorua avec une odeur de sulfure aussi tenace dans la
ville!
Mais qui voici qui pointe le bout du nez sur notre route? Copines Claire et Pammy, routardes franco (pour la
première) anglaises (pour la seconde) rencontrées dans une ancienne vie (il y a deux ans à Vancouver) de passage en Nouvelle-Zélande pour un Working Holiday Visa de un an. Ok un long passage
quand même. Après quelques galères pour se briefer (dur dur la vie sans portables et sans internet) et leur véhicule acquis (une station-wagon bleue métallisée top classe), nous voilà fin prêt à
partager quelques Tui (la bière Néo-Zélandaise) pour un apéro de retrouvaille aux abords de la brumeuse péninsule de Coromandel. C'est donc à Katikati que nous nous retrouvons, mais pas pour
n'importe quoi attention : une journée à bord du rafiot du cap'tain Butler (cousin kiwi éloigné et un peu plus en cher que notre regretté Cousteau) pour une journée de nage avec les dauphins.
Escalader des montagnes ça fait royalement chier Dame Flore, mais par contre faire trempette avec des dauphins là ça motive. Quand bien même, le prix de l'expédition étant raisonnable le Seb et
moi embarquons avec toutes ces dames pour patauger avec des otaries (ça c'était pas prévu mais c'est toujours une bonne surprise) et des dauphins qui mettrons, on a un peu flippé avouons le, un
certain temps à se montrer. Puisque nous sommes dans les concessions, avouons aussi que la tyrannie féminine nous avait un peu obligé à promettre cette escapade en mer en contrepartie de nos
grimpettes à Taranaki et Tongariro. Avec le recul, un trip différent mais une expérience tout aussi exceptionnelle. Merci...
Et puis voilà, le terme de ces 40 jours en Nouvelle-Zélande arrivera en même temps que la skyline d'Auckland se
dessinera derrière le pare-brise de notre Cheapo. Cheapo que nous abandonnons d’ailleurs à l'agence Juicy à peine arrivé dans cette magnifique ville. Bon, une flemme immense (on sort de 40 jours
en tente donc le confort -d'habitude relatif- d'une auberge de jeunesse nous semble ici digne d'un 5 étoiles) et un petit abus de Whisky limiterons nos activités touristiques... à la balade du
Lonely et à quelques aller-retour au cyber-café. Auckland c'est chouette, il y fait magnifiquement beau mais c'est LA ville kiwi à ne pas manquer pour... déguster un Baconator au Wendy's!!
Véritable religion fastfoodienne à laquelle je me suis converti au Canada -et à laquelle j'ai converti le Seb aussi à l'époque- quelle ne fût pas notre surprise de découvrir qu'Auckland abrite
cette enseigne-église et son délicieux Sacro-Saint-sandwish-originel (pain-bacon-bacon-bacon-cheese-steack-cheese-steack-mayo-pain). Après Claire et Pammy (bonne route les filles!) une
retrouvaille vieille de deux ans qui fait aussi plaisir!
Et voilà, la Nouvelle-Zélande et ses villes aux noms Maoris amusants (Otematata, Wanaka, Omara et bien d'autres qui
furent une source inépuisable de blagounettes pour tonton Seb) ne seront plus qu'un vague souvenir d'ici peu. Malgré un temps qui rend frustrant l'organisation quotidienne du voyage ("Bon ben les
gars il fait beau après demain donc faudra qu'on soit au Tongariro. En attendant ça va être couvert donc va falloir s'occuper avec des endroits secondaires") les deux îles présentes assez de
magnifiques coins pour donner envie, qui sais, de revenir un jour. Pour les treks de Routeburn ou de Milford pourquoi pas? L'île Sud possède en effet de magnifiques parcs nationaux Alpin, avec
les paysages épatants et les rando qui vont avec. Un régal pour les amoureux de la nature. Si sur l'île Nord nous n'avons pas eu le temps de nous intéresser à la culture Maori (omniprésente sur
la côte est, mais étonnamment timide dans le reste du pays), la région centrale est par contre d'une richesse incroyable : situé à cheval sur deux plaques tectoniques qui lui confère cette
richesse, le Tongariro et la région de Rotorua, en plus d'être des bijoux de la nature, sont tout aussi intéressant à découvrir d'un point de vue géologique.
Une bonne accolade, quelques larmes et ce sera l'heure de laisser Seb et Flore retourner sur les terres arides de
l'Ouest Australien. Bonne route bande de veinard, vous savez que ce fût plus qu’un plaisir de vous avoir à mes côtés pour ce mois et demie chez les kiwis. De mon côté je m'envole pour les
hauteurs du Népal ou, après un trek dans l’Himalaya, je vais entamer mon trip de retour en France. Une bonne accolade, quelques larmes et chacun reprend sa route, chacun reprend sa
vie.
L'île nord c'est...
Un lieu à ne pas manquer : Impossible de départager, escalader un volcan au levé du soleil et suer sang et os pour tâter du cratère
fumant sont deux expériences à ne pas rater!
Un lieu à éviter : le camping au bout de Bucks road dans la Tararua Forest, parce que des Noodles c'est déjà assez dégeu sans que des
odeurs d'opossums en décomposition s'y rajoute
Un livre : Ou plutôt trois, la trilogie du Seigneur des Anneaux. Bon ok, j'abuse car ceux-là je ne les ai pas lu, mais pour sûr je
rattrape ça en rentrant en France
Un plat à dévorer : Pour les pros du jeu de carte (9 victoires sur 14 parties à mon actif) comme pour les néophytes (2 victoires pour le Seb....
et on y joue depuis aussi longtemps) les pizzas du restaurant la Scopa à Wellington sont tout simplement délicieuses
Une phrase qui a été dites : "Nobody climbs mountains for scientific reasons. Science is used to raise money for the expeditions, but you
really climb for the hell of it" (Personne n’escalade de montagnes pour des raisons scientifiques. La science est utilisée pour lever les fonds nécessaire à l’expédition, mais on grimpe
parce que c’est un sacré trip) Sir Edmund Hillary